CAMP DU VERNET
(Arriège)

Construit pendant la première guerre comme camp de prisonniers allemands, LE VERNET avait été remis en état en février 1939 pour y abriter des réfugiés espagnols.

Ils furent jusqu'à 13 000 en mai 1939 mais beaucoup ayant été intégrés à des Compagnies de Travailleurs, leur nombre diminua ensuite.

Lettre de PAMIER du 31-?-1939 à destination du S.E.R.E.

Vers octobre 1939, LE VERNET est transformé en camp disciplinaire et devient le CAMP DE CONCENTRATION DU VERNET D'ARIEGE - tel fut son nom officiel - et dès le début novembre, il accueillait des Républicains Espagnols et des Brigadistes en provenance du Camp de RIEUCROS ainsi que des étrangers.

Télégramme Officiel du Préfet de l'Allier en date du 13 octobre 1939,
demandant au Préfet de l'Ariège s'il est possible d'envoyer douze
étrangers suspects au CAMP DU VERNET.
Cachet de la poste de MOULINS SUR ALLIER du 13-10-39.

Alors que, début octobre 1939, le nombre d'internés n'était plus que de 915, l'arrivée de "suspects" allemands et autrichiens arrêtés à PARIS le fit monter à plus de 1 200 en novembre.

A partir du 18 novembre 1939, les étrangères "suspectes" sont transférées à RIEUCROS et ne sont pas autorisées à emmener leurs enfants qui sont confiés à l'Assistance Publique.

Dans son ouvrage "Les camps de la honte", Anne GRYNBERG donne des précisions intéressantes sur ce camp.

S'étendant sur 50 hectares environ, il était entouré de trois rangées de barbelés. Il comportait des baraques construites en planches et recouvertes de papier goudronné abritant deux rangées de bat-flanc courant le long des murs et séparées par un étroit passage.

Pendant l'hiver 1939-1940, il n'y avait ni chauffage ni électricité et les internés, démunis de vêtements chauds et de couvertures, dormaient tout habillés.

Ces conditions de vie entraînèrent l'apparition de plusieurs épidémies de grippe au cours de ce même hiver, alors que la "baraque-hôpital" ne disposait d'aucun équipement convenable.

Les internés étaient répartis en trois groupes dans les différents quartiers du camp :
Droit commun : A
Politiques : B
Suspects : C

A leur arrivée, les internés avaient le crâne tondu et étaient dépouillés de leurs objets personnels.

Ils étaient en permanence sous la surveillance des Gardes Mobiles arpentant le camp baïonnette au canon. Soumis à des travaux humiliants et inutiles, ils étaient sous la menace constante de châtiments corporels en cas de "mauvaise volonté".

Le courrier était limité à deux lettres par semaine et strictement contrôlé par la censure.

Lettre de METZ (Moselle) du 2 décembre 1939 adressée à un interné
au CAMP DU VERNET. Il s'agit d'un "suspect" hébergé dans le quartier C.

La lettre a été censurée au départ par la COMMISSION F A de METZ et contrôlée à l'arrivée au camp.

En février 1940, le nombre d'internés est de 2 063 dont 800 Juifs.

150  ressortissants  "ennemis",  Allemands  et  ex-Autrichiens, arrivèrent au camp en avril 1940 et 1050 en mai ; ils précédaient un autre contingent de 1800 personnes, essentiellement des Italiens arrêtés à PARIS le 18 juin.

Lettre de la LEGATION DE NORVEGE à PARIS, le 23-4-1940, à destination
d'un interné au Camp du VERNET.
Cachet de censure violet

Le nombre d'internés passera à 3 800 en août 1940, de nationalités diverses.

C'est toujours un camp répressif destiné "aux individus dangereux pour l'ordre public, aux repris de justice et aux extrémistes".

Lettre d'un interné postée à PAMIERS (Ariège) le 24-10-1940 à destination de BEAUCAIRE (Gard).
Cachet ovale noir.

Lettre d'un interné juif du 6-10-1941 à destination de New-York (Etats-Unis).

Il faudra attendre 1942 pour que les installations du CAMP DU VERNET soient améliorées. Six nouveaux pavillons furent construits dans le quartier A et quatre dans le quartier B.

Quant aux Juifs internés dans l'îlot C -dans un état déplorable- leur transfert fut prévu dans neuf nouveaux pavillons qui seront achevés fin octobre 1942.

Mais, entre-temps, les Juifs de l'îlot C avaient été en grande partie déportés !

En effet, au cours du sinistre été 1942, 419 Juifs du VERNET sont transférés à DRANCY, en majeure partie Allemands et Autrichiens. Ils feront partie de trois convois qui les achemineront à AUSCHWITZ.

Le CAMP DU VERNET D'ARIEGE fermera ses portes en juin 1944, quelques jours après la déportation des derniers internés à DACHAU.

Lettre de BROOKLYN (NEW-YORK) du 18-3-1942 à destination
d'un interné du CAMP DU VERNET.

Cette lettre postée le 18 mars 1942 parviendra à son destinataire le 11 avril 1942.
Elle a été censurée par une commission anglaise et contrôlée au camp comme l'indique la marque linéaire violette :
CONTROLE AU CAMP DU VERNET

Arthur KOESTLER dira du VERNET qu'il était "un mélange d'ignominie, de corruption, de laissez-faire".

Mise à jour
02/01/2010