CAMP DE ST-MARTIN-DE-RE
(Charente-Inférieure)

La citadelle construite en 1681 par VAUBAN à ST-MARTIN-DE-RE fut, jusqu'en 1897, le lieu de rassemblement des prisonniers vers la Nouvelle-Calédonie puis, jusqu'en 1938, l'antichambre du bagne de CAYENNE.

A partir du 10 mars 1940, elle devint un Centre de Séjour Surveillé destiné à l'internement d'"indésirables français", en particulier des communistes. Ils étaient au nombre de 49 le 23 juin 1940 lors de l'arrivée des Allemands et 21 autres les y rejoindront dans les mois suivants de 1940. Beaucoup d'autres viendront encore grossir l'effectif au cours des années d'occupation et l'Organisation TODT y puisera largement une main-d'oeuvre qu'elle affectera à la construction des fortifications de l'Atlantique.

Lettre dressée en franchise de ST-MARTIN-DE-RE le 4 juin 1940 à destination de CANNES (Alpes-Maritimes) par un militaire affecté au bureau du Centre de Séjour Surveillé. Elle est revêtue du cachet officiel du Gouverneur de la citadelle.

verso.

Le 25 février 1944, 100 politiques en provenance du camp de PITHIVIERS arrivèrent à ST-MARTIN-DE-RE et furent logés dans des maisons réquisitionnées et à la Citadelle de ST-MARTIN. Tous travaillèrent sur l'île pour l'Organisation TODT. Ils étaient gardés par des hommes appartenant aux Groupements Mobiles de Réserve (G.M.R.) et par des Gendarmes.

En mai 1944, les Allemands n'ayant plus besoin d'eux demandèrent aux autorités françaises leur transfert hors du département. Cela ne se fera pas dans les conditions prévues et ces internés se retrouveront au Lycée de LA ROCHELLE.

Une lettre de René PIGOT du 21 mars 1944 nous éclaire sur les conditions de vie à la Citadelle de ST MARTIN-DE-RE :


Nous voici arrivés après un voyage de quelques 60 heures au point terminus de cette étape car je ne sais ce que l'avenir nous réserve. Il ne manquait plus à ma tribulation qu'un passage au pénitencier, cette fois c'est accompli, nous y sommes... Nous couchons dans les anciennes cages à forçats. Evidemment c'est aménagé. Un lit à deux places, une paillasse, 2 couvertures une gamelle et une cuiller...

Nous avions espéré être comme les précédents camarades logés chez des habitants et libres dans l'Ile. Hélas, il n'en est rien. Le matin, nous allons au travail, le soir nous rentrons à la citadelle. Les portes se ferment et à une autre journée. Le matin, réveil à 5 h, rassemblement dans le camp à 5 h 1/2 et départ. Déjeuner sur le chantier et retour vers 18 h, repos, lavage, et lit...

Lettre du 23-3-1944 d'un interné à la Citadelle, à destination de PARIS

Rappelons que René PIGOT avait été interné en 1940 au camp de COETQUIDAN. Il connut ensuite d'autres camps avant son transfert à la Citadelle de ST MARTIN-DE-RE.

Mise à jour
08/02/2008