Ce camp fonctionna de fin 1939 à juin 1940 dans une ancienne corderie située Cours du Médoc, à BORDEAUX, et abrita des internés en provenance notamment du CAMP DES MILLES (Bouches-du-Rhône), en instance d'émigration.
Les ports d'embarquement étaient situés à l'époque à MARSEILLE, BORDEAUX et LE HAVRE.
Selon les indications qui m'ont été fournies par le Professeur RUIZ que je remercie (voir CAMP DE BASSENS), des émigrants auraient aussi été transférés du Cours du Médoc dans le CAMP DU CHATEAU CALVET situé non loin de là.
La carte postale ci-dessous illustre ce cas précis.
Elle a été adressée le 13 décembre 1939 par Joseph WAGNER, interné au CENTRE DE RASSEMBLEMENT DES ETRANGERS DES MILLES, à Kurt WOLLENBERGER en instance de départ pour les Etats-Unis et interné momentanément dans le CAMP DE L'EMBARQUEMENT DE BORDEAUX. Une modification au crayon violet indique qu'il se trouve au CAMP CALVET.
Carte correspondance du CAMP DES MILLES du 13-12-1939 à un interné
au CAMP DE L'EMBARQUEMENT à BORDEAUX, transféré au
CHATEAU CALVET
Dans son ouvrage intitulé "LES CAMPS DE LA HONTE", Anne GRYNBERG a largement développé le thème de l'émigration.
Elle y rappelle la situation de plus en plus difficile des étrangers réfugiés en France depuis 1933. Depuis l'annexion de l'Autriche (11 mars 1938), 8 000 de ses ressortissants sont arrivés en France tandis que les Allemands et les Juifs de l'Est continuent d'affluer dans le plus grand dénuement.
Face à cet afflux de réfugiés, des mesures impopulaires sont prises à leur encontre par le Gouvernement. Elles iront jusqu'à leur internement dans des camps spéciaux dès la déclaration de guerre à l'Allemagne.
Sentant chaque jour s'accentuer davantage la menace qui pèse sur eux, de nombreux Juifs songent à émigrer et le "rêve américain" devient synonyme de sécurité !
Les rabbins LANGER et SALZER consacrèrent essentiellement leurs efforts au CAMP DES MILLES où ils aidèrent les internés à accomplir les formalités nécessaires à leur émigration outre-mer.
Ainsi, 100 internés sont autorisés quotidiennement à se rendre à MARSEILLE dans les consulats pris d'assaut par des centaines de candidats à l'émigration.
Les deux aumôniers essaient de faciliter les démarches des internés et veillent aux détails pratiques, notamment sur le plan vestimentaire, une tenue propre et correcte pouvant influencer le consul !
C'est ainsi que des internés en provenance de différents camps et autorisés à émigrer outre-Atlantique étaient dirigés dans la capitale girondine sur le CENTRE SPECIAL D'EMBARQUEMENT où il leur était permis de séjourner jusqu'à leur départ.
Avec l'arrivée des Allemands, l'émigration au départ de BORDEAUX deviendra impossible et, le 17 juillet 1942, René BOUSQUET, Chef de la Police, télégraphiera aux préfets de la zone sud pour les avertir que les visas de sortie de France accordés à des Juifs étrangers en instance d'émigration seront désormais annulés.